• Ne touchez pas la hache

Publié le par 67-cine.gi-2007













Ne touchez pas la hache drame de Jacques Rivette




avec :
Jeanne Balibar, Guillaume Depardieu, Bulle Ogier, Michel Piccoli, Anne Cantineau, Marc Barbé, Thomas Durand, Nicolas Bouchaud, Mathias Jung, Julie Judd, Victoria Zinny, Remo Girone, Beppe Chierici, Paul Chevillard, Barbet Schroeder, Birgit Ludwig, Denis Freyd et Claude Delaugerre


durée : 2h17
sortie le 28 mars 2007

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Synopsis
Armand de Montriveau, général français, débarque dans une île espagnole lors de l'expédition française pour rétablir l'autorité de Ferdinand VII. Depuis cinq ans, il recherche dans tous les couvents d'Europe et d'Amérique une femme dont il était éperdument amoureux et dont il a perdu toute trace. C'est dans le monastère qu'abrite cette île qu'il découvre que soeur Thérèse est celle qu'il recherche. Il obtient l'autorisation de la voir en présence de la mère supérieure…

5 ans plus tôt…
L'histoire se passe sous la Restauration, période où les valeurs dominantes sont celles de l'hypocrisie, de l'importance des apparences et de l'argent. C'est cette société qui a formé Antoinette de Navarreins, coquette parisienne et épouse du duc de Langeais.
Le général Armand de Montriveau, dès leur première rencontre, tombe follement amoureux d'elle et lui voue un culte absolu, culte encouragé par la duchesse. Cette dernière, flattée d'être à ce point désirée et toute à ses calculs mondains, s'amuse à le séduire mais se refuse à lui. Quelle plus belle preuve d'amour que de seulement s'aimer sans se donner !
Montriveau essaie en vain d'obtenir des preuves d'amour irréfutables mais Antoinette lui oppose, hypocritement, des arguments religieux. Lors d'un bal, Montriveau, tout en regardant le cou d'Antoinette, lui raconte le souvenir qui l'avait le plus marqué à Westminster. Ne touchez pas à la hache aurait dit le gardien montrant la hache qui avait servi à trancher la tête à Charles Ier.
Comprenant que la duchesse manoeuvre et ne cèdera jamais, Montriveau décide d'ignorer son aimée et d'organiser sa vengeance…


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Jacques Rivette, Pascal Bonitzer & Martine Marignac s'entretiennent...
Martine Marignac : « Avec quels principes êtes-vous partis pour faire cette adaptation de La Duchesse de Langeais ? »

Jacques Rivette : « Notre première décision a été d'être fidèles non seulement à l'esprit, mais aussi à la lettre du texte de Balzac. Ce qui se passe entre la duchesse et le général Armand de Montriveau est une illustration des fautes commises par ce petit clan du faubourg Saint-Germain, à ce moment de la Restauration. On a donc très vite choisi de garder aussi précis que possible le contexte de cette histoire. »

Pascal Bonitzer : « Essayer de rester le plus fidèle à la lettre de Balzac, contrairement à ce que Giraudoux avait fait pour le film de Jacques de Baroncelli (NB : en 1941, avec Edwige Feuillère et Pierre-Richard Willm), dont l'adaptation racontait en fin de compte une toute autre histoire que celle écrite par Balzac... »


M. M. : « Il faut dire que tous les arguments qu'avance la duchesse pour se refuser à Armand sont inadaptables à une époque plus contemporaine, indépendamment de leur contexte politique... »

J. R. : « Oui, c'est une évidence. Dès le départ, ce qui nous intéressait, même si cela peut paraître chimérique, était de transposer en termes cinématographiques l'écriture de Balzac. Cette écriture joue sur des forces contradictoires, qui génèrent comme un système d'explosion contenue : les longues phrases coupées par des incidentes, les changements de vitesse surprenants, cette façon de dire presque en passant les choses les plus importantes...Voilà pourquoi il faut effectivement lire Balzac mot à mot. C'est une écriture à trois dimensions. »

M. M. : « Bien que l'adaptation soit totalement fidèle au texte de Balzac, il a fallu cependant dialoguer des scènes qui ne l'étaient pas dans la nouvelle... »

P. B. : « En fait, il y en a très peu. Le seul passage qui ait été ajouté - et c'est une idée de Christine Laurent - est le petit tableau de l'office. Dans la nouvelle, les domestiques pensent sûrement beaucoup, mais ne l'expriment pas et gardent leur Quant à soi... Pour le reste et par exemple, les conversations à table entre Montriveau et ses amis sont prises d'autres textes écrits par Balzac à la même époque : ce que l'on appelait physiologies, qui traitaient des moeurs et des clichés du temps. »

M. M. : « Venons-en au couple Jeanne Balibar et Guillaume Depardieu... »

J. R. : « Contrairement à l'habitude, nous ne sommes pas partis à la recherche de comédiens aptes à interpréter les deux personnages principaux, mais d'un projet de film avec Jeanne et Guillaume dont nous n'avions pas trouvé le financement. Le désir de faire un film fondé sur leur face à face subsistait. Et, après avoir passé en revue l'ensemble de la littérature occidentale, une fois de plus Balzac s'est imposé, en ne mettant d'autre condition à ce choix que notre respect de son récit, comme nous l'avons déjà dit tout à l'heure. »

M. M. : « Quant au titre Ne touchez pas la hache »

J. R. : « C'est en fait le titre initial de la nouvelle. Ce n'est que dix ans plus tard que Balzac l'a modifié, dans la perspective d'ensemble de la Comédie humaine,où ce récit, entre Ferragus et La Fille aux yeux d'or, reste au centre de l'histoire des Treize. »

P. B. : « En effet, toutes ces nouvelles parlent de la société occulte des Treize, mais de manière elliptique. Ils sont dans le secret et n'apparaissent jamais au premier plan, comme il se doit pour une société occulte. De temps en temps, ils émergent de cette clandestinité par une action d'éclat. Parfois, au contraire, ils arrivent trop tard comme dans La Fille aux yeux d'or. Cette idée du trop tard est déjà sous-jacente dans Ne touchez pas la hache. Le rôle du temps reste l'un des éléments essentiels du récit... »


M. M. : « Vous parlez d'être au plus près de l'écriture de Balzac dans ses longues phrases, ses incidences, etc., c'est aussi très proche du plan séquence, très proche de la manière que vous avez toujours eue de vous exprimer... »

J. R. : « Et pourtant, Balzac est un écrivain que j'ai eu beaucoup de peine à lire. J'ai essayé pendant plus de trente ans, sans jamais y arriver ! Au début des années 50, Rohmer m'avait dit : Quand on veut faire des films, il y a deux écrivains qu'il faut lire : Balzac et Dostoïevski !. J'ai lu Dostoïevski tardivement. Quant à Balzac, je l'ai découvert une nuit d'insomnie, en tombant sur Une ténébreuse affaire. Ce roman m'a converti, et m'a donné la clef pour lire l'ensemble de son oeuvre. »

M. M. : « D'ailleurs, l'idée de série est fascinante chez Balzac. »

J. R. : « Mais celle-ci ne s'est imposée à lui que peu à peu. C'est en écrivant Le Père Goriot qu'il reprend des personnages venus d'autres récits. L'anecdote veut qu'à ce moment-là, il écrive à sa soeur: Ma chère amie, je suis en train de devenir génial ! . Même si l'anecdote est fausse, elle a le mérite d'être vraie ! C'est pendant le tournage que j'ai été sensible au côté très elliptique, très brutal de notre travail. Ce que nous étions en train d'essayer de faire, à partir de ce texte, ce n'était pas une adaptation, encore moins une illustration, mais, si j'ose dire, une compression, à la manière de César... »


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Fiche technique
Mise en scène : Jacques Rivette
Adaptation : Pascal Bonitzer, Christine Laurent
d’après : La duchesse de Langeais d’Honoré de Balzac
Image : William Lubtchansky
Son : Florian Eidenbenz
Décors : Manu de Chauvigny
Costumes : Maïra Ramedhan-Levi
1ère Assistante : Shirel Amitay
Scripte : Lydia Bigard
Montage : Nicole Lubtchansky
Mixage : Bernard Le Roux
Montage son : Dominique Vieillard
Directeur de Production : Christian Lambert
Produit par : Pierre Grise Productions (France) Martine Marignac & Maurice Tinchant, Cinemaundici (Italie), Luigi Musini, Roberto Cicutto, Ermanno Olmi
avec Arte France Cinéma
Avec la participation de : Canal +, Cinécinéma, Centre National de la Cinématographie & Ministère de la Culture Italien
Avec le soutien de : Programme Média Plus de la Communauté Européenne, Procirep, Région Ile - de-France en partenariat avec le Cnc
Distribution : Les Films du Losange

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présentation réalisée
avec l’aimable autorisation de



remerciements à Mathieu Berthon et Régine Vial

logos & textes © www.filmsdulosange.com
photos © Moune Jamet

Publié dans PRÉSENTATIONS

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